ESAV83

ESAV 1983 - CatalogueExposition de l’École supérieure d’art visuel de Genève

Le Musée Rath, le Centre d’art contemporain et les Halles de l’Île ont accueilli une exposition collective des étudiants de l’École supérieure d’art visuel* du 20 octobre au 20 novembre 1983. J’y ai contribué par une peinture (Sans titre, acrylique sur papier, 178 x 235 cm) et par un texte sur l’expérimentation (voir ci-bas), reproduits dans le catalogue.

*Aujourd’hui: Haute école d’art et de design – Genève

De l’expérimentation

L’expérimentation ne se détache pas pour moi de la mise en évidence d’un fait: celui de peindre. Elle n’est donc pas seulement une modalité, mais aussi une problématique portée par une affirmation.

Comment peindre est-il encore possible? Comment est-il possible de montrer que l’on ne peut plus considérer la peinture d’un point de vue renaissant, comme une illusion, une fausse profondeur, une fenêtre ouverte sur le réel? Comment montrer que l’on ne peut plus se soumettre à une vision globale, unificatrice, princière, régie par le dispositif perspectif? En affirmant d’abord que le désir de peindre, c’est-à-dire de représenter, ne va pas de soi, et qu’il faut, en quelque sorte, en vouloir à la peinture, se battre contre elle, la mettre à l’épreuve.

Il s’agit dès lors aussi de regarder ce qui est peint, ce qui se peint, et ce qui ne peut pas être peint. Il s’agit d’exposer, faire regarder, et laisser troubler mon regard dans et par celui des autres. Et cette exposition ne peut se faire en dehors du marché; elle doit être risquée là où les politiques culturelles entendent censurer ou apprivoiser, égaliser ou tenir à vue, toutes les productions signifiantes.

Reste une question, parmi d’autres, mais pour moi prioritaire. Celle de mon identité de femme, ou celle de mon travail en tant que travail produit par une femme. L’opinion commune continue d’avancer là-dessus des arguments scandaleux. Elle entretient le doute sur la qualité des expérimentations féminines. Elle recoupe le préjugé entretenu par l’histoire de l’art écrite, évidemment, par les hommes.

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